Accidents de la circulation : téléphoner au volant est dangereux… avec ou sans kit
Une étude réalisée par le Centre d’investigations neurocognitives et neurophysiologiques de l’Université de Strasbourg (Ci2N) enseigne que toute conversation téléphonique diminue considérablement la capacité d’attention des conducteurs.
L’étude du Centre d’investigations neurocognitives et neurophysiologiques de l’Université de Strasbourg
« Alors qu’environ 10% des accidents corporels de la route sont imputables à l’utilisation du téléphone au volant » (La sécurité routière en France, Bilan annuel 2011, ONISR), une étude financée par la Fondation d’entreprise VINCI Autoroutes et réalisée par le Centre d’investigations neurocognitives et neurophysiologiques de l’Université de Strasbourg enseigne que toute conversation téléphonique diminue la capacité d’attention des conducteurs.
Que le conducteur utilise ou non un kit mains libres, cette enquête fait ressortir une « Diminution de 30% des informations enregistrées par le cerveau » :
- Réduction de 50% de l’exploration visuelle de la scène routière
- Allongement des temps de réaction (+100 mètres à 130 km/h)
- Maîtrise plus aléatoire des dépassements et des trajectoires.
Ce travail de recherche a été mené auprès de 3 500 automobilistes.
Les conditions de l’étude
Selon le Centre d’Investigations Neurocognitives et Neurophysiologiques de l’Université de Strasbourg (Ci2N) :
« L’étude a été réalisée sur une aire de services de l’autoroute A11, entre Paris et Chartres. Les 3 500 conducteurs interrogés ont été invités à répondre à un test de reconnaissance d’événements (panneaux, monuments, véhicules) qui se trouvaient sur le tronçon de 50 km précédant le lieu de l’enquête. Les réponses proposées contenaient à la fois des événements réels, qui se trouvaient effectivement sur le trajet des répondants, et des scènes prises sur un autre axe routier (leurres).
À chaque question, les personnes interrogées devaient indiquer le degré de certitude de leur réponse. Trois sous-tests permettaient d’évaluer les capacités de mémorisation. »
Par ailleurs : « Quatre-vingt-dix sujets ont participé à cette étude, réalisée sur un simulateur de conduite. Ils étaient répartis en 3 groupes de 30 conducteurs, différenciés en fonction de leur âge (20-30 ans ; 40-50 ans et plus de 60 ans). Chaque groupe était constitué d’autant de femmes que d’hommes. La tâche proposée aux participants consistait à effectuer un trajet sur autoroute de 30 kilomètres.
Quatre scénarii incitaient les conducteurs à moduler leur vitesse en fonction d’événements jalonnant leur parcours (approche d’un péage, accident de car sur la voie de gauche, aire de travaux sur la voie de droite, présence d’un radar). Durant le trajet, les sujets étaient amenés à converser avec l’expérimentateur, soit par téléphone, soit directement dans l’habitacle du simulateur de conduite. Lors d’une troisième session de conduite (situation de référence) les participants n’avaient aucun échange verbal durant tout le trajet. »
30 à 50 % d’attention en moins
Aucune différence de performance au test n’a pu être mise en évidence entre l’utilisation du bluetooth, de l’oreillette, du haut-parleur, du téléphone ou du téléphone tenu contre l’oreille.
Cette dégradation de la conscience, à l’origine d’accidents causés aux tiers, peut aller jusqu’à 50 % lorsque les informations demandent une attention plus soutenue, par exemple pour lire un message sur un panneau lumineux.
Plus dangereux qu’une conversation avec un passager
Contrairement à une idée reçue, téléphoner en conduisant présente nettement plus de risque que de parler avec son passager, selon plusieurs indicateurs relevés par l’étude menée en laboratoire.
L’activité oculaire, notamment les mouvements horizontaux des yeux, se trouve significativement réduite (-50 % par rapport à la conversation avec un passager ou en l’absence de conversation). Les conversations téléphoniques ont également un impact négatif sur la bonne exécution des tâches élémentaires de conduite. Ainsi, le temps passé sur la voie de dépassement est sensiblement plus important, en raison d’une vitesse moyenne plus faible et de rabattements moins fréquents.
La variation de la trajectoire du véhicule, très sensible à des baisses d’attention liées à une distraction ou à une diminution du niveau d’éveil, est plus importante (+20 % par rapport à la conversation avec un passager ou sans conversation).
Une faible capacité de réaction, source d’accident de la route
La capacité de réaction s’en trouvant également sensiblement amoindrie, elle est souvent source d’accident causé à un tiers.
À 130 km/h, la distance de décélération lorsque survient un événement se trouve allongée en moyenne de 100 mètres (soit +33 %) par rapport à la situation sans conversation, et de 70 mètres (soit +23 %) par rapport à la situation de conversation avec un passager.
Conclusion
« La recherche constante d’optimisation du temps, y compris pendant les déplacements, amène de nombreux conducteurs à effectuer au volant des tâches qui n’ont rien à voir avec la conduite, voire qui la perturbent.
C’est le cas des conversations téléphoniques, qu’elles soient effectuées avec ou sans kit mains libres », explique Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci Autoroutes.