Proscrire les erreurs médicamenteuses en établissements de santé
La Haute Autorité de Santé dévoile les résultats d’une recherche sur les erreurs de prescriptions, de préparation et de dispensation, de transmission des ordonnances ou encore d’étiquetage des médicaments à l’hôpital ou en clinique. Plus de la moitié de ces « erreurs médicamenteuses » pourraient être évitées.
Les erreurs médicamenteuses indésirables
La Haute Autorité de Santé (HAS) publie les résultats d’une d’expérimentation, menée au sein de 9 établissements hospitaliers, consacrée aux « erreurs médicamenteuses ».
Ce recueil d’informations concerne des patients de plus de 65 ans pris en charge dans 9 établissements pendant 5 ans.
Qu’est-ce qu’Une erreur médicamenteuse ?
« L’erreur médicamenteuse est l’omission ou la réalisation non intentionnelle d’un acte relatif à un médicament, qui peut être à l’origine d’un risque ou d’un évènement indésirable pour le patient. Or 40% des événements indésirables graves survenant dans les établissements de santé sont liés au médicament, et 52% sont évitables. » (Haute Autorité de Santé).
Ces « inadvertances » qualifiées de « divergences médicamenteuses » – c’est à dire de variations non conformes aux prescriptions – s’élèveraient à 46 188 et concerneraient 27 447 patients.
21 320 erreurs médicamenteuses ont été repérées, cependant que 23 381 changements de traitements n’avaient pas été documentés.
Selon l’étude, les erreurs de traitements médicamenteux à l’hôpital seraient « évitables » dans un grand nombre de cas.
51,2% « des événements indésirables graves » sont évitables
Une autre enquête réalisée en 2009 rapporte, en effet, que 51,2% « des événements indésirables graves » liés aux médicaments sont évitables et 54,5% ont motivé une hospitalisation (Haute Autorité de Santé, conférence de presse – Semaine de la sécurité des patients 2015).
Outre l’erreur de médicament ou la méprise concernant un patient, ils concernent les doses, la posologie ou la concentration, la forme galénique du médicament, les techniques, voies, débits, durées et le moment de l’administration, les suivis thérapeutiques et cliniques, notamment.
Les médicaments périmés ou détériorés et l’oubli d’administration font aussi parties des ces événement aux conséquences graves, voire irréparables.
Pareilles erreurs seraient dues, pêle-mêle, à l’absence de contrôle avant l’administration d’un médicament, à la mauvaise qualité des échanges entre les professionnels, au non respect des bonnes pratiques professionnelles, aux protocoles absents, obsolètes, inconnus… (V. LARGEAU, G. PIRIOU, Analyse des erreurs médicamenteuses dans les établissements de santé bretons, Agence Régionale de Santé de Bretagne, OMEDIT Bretagne, Société Française de Pharmacie Clinique, 2013).
Erreurs et responsabilités
« La gestion des erreurs liées au médicament fait partie des priorités de la HAS et c’est pourquoi elle se mobilise […] » : les recommandations conçues par la HAS seront-elles suffisantes ?
Les erreurs médicamenteuses sont de nature à engager la responsabilité des établissements de santé publics ou privés ou des praticiens.
Dans la cadre d’une demande d’indemnisation consécutive à une erreur médicamenteuse, l’expert analysera les conditions de réalisation des soins, l’organisation du service et les pratiques de l’ensemble des intervenants médicaux et paramédicaux.
A titre d’exemple, des rapports d’expertise médicale constataient qu’un médecin anesthésiste avait pratiqué une rachianesthésie à la suite d’une anesthésie péridurale « en contradiction avec les bonnes pratiques de sa spécialité » et qu’il avait « effectué une ponction à un niveau du rachis trop élevé et avait utilisé une dose de produit supérieure à la dose recommandée. » (Cour de cassation, première chambre civile, 16 janvier 2013, n° 12-15452, non publié au bulletin).
Un autre exemple concerne un établissement de santé dont la responsabilité a été retenue dans la survenue du décès de la victime : « Considérant qu’il résulte de l’instruction que les Hôpitaux universitaires de Strasbourg ont commis des fautes dans la prise en charge de Madame R. en ne mettant pas en place la surveillance biologique hebdomadaire qu’imposait la prise de Ferriprox ».
« Le tribunal a fait une juste évaluation des responsabilités respectives en les partageant à hauteur de 80% pour le docteur Maetz et 20% pour les Hôpitaux universitaires de Strasbourg » (Cour administrative d’appel de Nancy, n° 12NC01044, inédit au recueil Lebon).